Archivée : "De terre et de chair" de Nelson BOYER 2006 Imprimer

Exposition de terre et de chair

 

Sculpteur autodidacte, Nelson Boyer pratique un art sans académisme. Les personnages créés expriment la même douleur, la même souffrance, la même résignation. La matière se fait l’écho du sentiment. L’artiste sait dire avec la terre et avec un langage qui lui est propre, ce que de simples mots ne seraient pas aussi bien exprimer.

 

 

 

 

Ses sculptures tourmentées affirment avec une force expressive intense une spontanéité récurrente, s’émancipant des schémas réalistes ou naturalistes pour mieux revendiquer une totale liberté des formes. Aussi, les anomalies anatomiques qui n’ont pas d’importance doivent avant tout servir l’idée. Elles procèdent d’une autre réalité, une réalité sans normes. Bien au contraire, lorsque Nelson se veut plus réaliste et sacrifie à la tentation du détail, ses œuvres perdent en puissance expressive et se condamnent à l’anecdotique. Si Nelson Boyer voue une très grande admiration à Carpeaux – sa visite au musée historique pour voir de près le bronze Pourquoi naître esclave ? fut un grand moment - son travail qui privilégie la massivité des formes, se situe plutôt dans la lignée d’un Bourdelle. Nelson est un écorché vif qui fait fi de toutes conventions pour dire – plutôt pour crier - son histoire, celle de son île. Il a su trouver dans la terre - le grès notamment - la matière complice pour libérer son énergie créatrice et donner forme à sa sensibilité. Hormis les deux Moringueurs cuits dans le four d’Art Sud, les sculptures qu’il présente sont de petites dimensions car, dans un premier temps, le four mis à sa disposition par ses amis Marie Joe et Albert ne pouvait accueillir de grandes pièces. Quelle force il se dégage de ces œuvres au-delà de leur petitesse ! Elles gagneraient à prendre du volume pour atteindre le gigantisme des sculptures de l’artiste sénégalais Ousmane Sow. Les pièces de grand format – Couple d’esclaves - réalisées en plâtre sont sans doute prometteuses mais elles restent trop raides et trop contraintes par leur armature dont elles ne peuvent malheureusement pas se libérer. Le grand défi sera pour Nelson de passer d’une échelle à l’autre pour produire une sculpture monumentale à part entière, puissante, généreuse et dynamique.

 

de terre et de chair