Visioconférence sur la résistance et la seconde guerre mondiale - 23 mars 2017

24 mars 2017

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100 lycéens et collégiens passeurs d’histoire

« J’ai vu l’horreur. J’ai vu la déshumanisation.  En arrivant au camp de Ravensbrück, je n’étais plus Andrée Duruisseau mais le matricule 43069 », ce témoignage est celui d’une survivante de la déportation. Un témoignage pour raconter une terrifiante période de l’histoire de France, celle de la Seconde Guerre mondiale. Et devant elle, des lycéens et des collégiens qui ont applaudi le courage, la force et la volonté d’Andrée, une résistante qui s’est battue pour la liberté.

« Pourquoi êtes-vous entrée en résistance à 15 ans ? », à cette question posée par Yohann, lycéen, Andrée Duruisseau-Gros répond en riant, « C’était normal, je n’avais pas d’autre choix. » L’humilité malgré ces années de guerre, la prison et les camps. Cette visioconférence organisée dans le cadre du devoir de mémoire et du concours national de la Résistance et de la Déportation a été l’occasion

d’écouter un témoin qui a vécu cette période, d’autant plus que le thème du concours de cette année est « la négation de l’Homme dans l’univers concentrationnaire nazi. »

Une rencontre à l’initiative du fils d’Andrée Gros, installé à La Réunion et président de la section Réunion de la Société des Membres de la Légion d’Honneur, de Thierry Pincemaille, directeur du service départemental de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre et de Bernard Hay, président de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie de l’océan Indien. Une rencontre qui s’est déroulée dans l’amphithéâtre de l’Ecole Supérieure de Professorat et d’Education (ESPE). Et ce témoignage d’une jeune fille qui entre en résistance à 14 ans au moment où la guerre 39-45 est déclarée est un exemple de volonté, de courage, de patriotisme et d’engagement pour la patrie.  

« Je crois en la grandeur de l’Europe »  

Témoigner aussi pour avancer, car lorsqu’une collégienne lui demande comment elle a fait pour pardonner à l’Allemagne et quel regard elle porte sur l’Europe, la réponse est sans appel « les Allemands ont construit les camps de concentration pour eux-mêmes. Ce sont ceux qui s’opposaient à Hitler qui devaient y être enfermés. J’ai aidé des Allemands qui étaient poursuivis pour trahison. Aujourd’hui je suis française mais aussi européenne, je crois en la puissance de cette union. » Pour le préfet Dominique Sorain, présent dans la salle « C’est un très bel exemple que vous nous avez donné. Une belle illustration de nos valeurs.  Ce témoignage devant des adolescents qui ont l’âge que vous aviez lorsque vous vous êtes engagée dans la guerre permet de mieux comprendre comment tout cela a été possible. »

Pour la conseillère départementale, Marie Gertrude Carpanin, « de nombreux collégiens et lycéens participent au concours National de la Résistance et de la Déportation.  C’est un devoir de mémoire qu’il faut perpétuer pour que les jeunes s’en inspirent et en tirent des leçons de civisme dans leur vie d’aujourd’hui. Cette période ne doit pas être oubliée pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. » Un échange intergénérationnel pour que les jeunes soient les passeurs de cette histoire.

L’histoire de la France, c’est donc l’histoire d’Andrée, 90 ans, qui pour conclure dira « gardez toujours l’espérance, l’espoir. Je vous souhaite une vie heureuse qui ne connaisse pas la guerre. »

 

La biographie d’Andrée Marie Denis Duruisseau épouse Gros

 

A 15 ans, dès l’occupation allemande, Andrée Gros effectue des passages clandestins de la ligne de démarcation. En 1943, elle devient agent de la BRCA, le service de renseignements de la France Libre. Arrêtée par la Gestapo en mars 1944, elle est déportée jusqu’au 1er juin 1945. Elle a été enfermée du 6 juin au 21 juin 1944 au camp disciplinaire de la Gestapo de Neue-Bremm puis déportée au camp de Ravensbrück du 23 juin au 21 juillet 1944 avant d’être emmenée au camp de Leipzig-Schönfeld du 23 juillet 1944 au 14 avril 1945 sous le matricule 3330. A la libération, elle est rapatriée en France le 1er juin 1945 et y retrouve toute sa famille. Elle est aujourd’hui présidente départementale des déportés internés et familles de disparus. Elle témoigne depuis dans les lycées, les collèges, organise des voyages du souvenir, participe aux manifestations patriotiques. Elle est l’auteur d’ouvrages dont « Le cahier » qui retrace son histoire pendant la seconde guerre mondiale. Andrée Gros a été plusieurs fois décorée, elle est entre autre grand officier de la Légion d’Honneur et a été élevée à la dignité de Grand Croix de l’ordre national du Mérite.

Consulter sa biographie détaillée (3.42 MB)