Oriane Bertone, à 11 ans elle dompte les blocs rocheux les plus prestigieux au monde

16 nov. 2017

Entretien avec Oriane Bertone

A seulement 11 ans, Oriane est devenue la deuxième plus jeune grimpeuse du monde à partir à l’assaut d’un " 8B bloc ". Cette prouesse s’est déroulée en Afrique du Sud, à Rocklands. Double championne de France, cette performance la classe désormais dans les meilleures au niveau international.

Tu viens de faire une performance exceptionnelle pour ton âge et surtout tu côtoies au sommet de ton art la plus grande des grimpeuses Ashima Shiraishi, peux-tu revenir sur cet exploit ?

Ce bloc, « Fragile Steps », était un pari avec mon papa. On l’avait repéré il y a deux ans mais j’étais encore trop petite pour atteindre certaines des prises clés et on avait dû abandonner. Cette année c’était différent. En arrivant sur le site on a vu que ça pouvait marcher ! On a assiégé le bloc et au bout de quatre séances de travail, j’ai réussi à boucler l’enchaînement. Je me rappellerai toujours de ce moment. Je pleurais de joie en sortant du bloc et je me suis jetée dans les bras de mon papa en redescendant !

 

Une performance qui s’est faite sur l’un des sites les plus prestigieux au monde. Quels sont les blocs qui t’ont le plus marquée ? A Rocklands les blocs qui m’ont le plus marquée sont : « The Hatchling », mon premier 8A, que j’ai réussi à 9 ans et « Tea with Elmarie » qui était vraiment magnifique et que j’ai sorti un jour où il y avait un incendie de broussaille impressionnant à quelques centaines de mètres de nous. Le soir on nous avait évacué de notre Guest House pour s’abriter dans un autre lieu près d’une rivière. Ce bloc est associé à une journée remplie de joies et d’émotions.

 

Tu fais partie du pôle d’excellence de La Réunion tout en étant inscrite au club de Saint-Leu « 7 à l’ouest » mais tu es désormais connue à travers le monde grâce à tes exploits, comment gères-tu cette notoriété ? Sincèrement ça ne m’affecte pas tant que ça. Ca me met un peu la pression parfois en arrivant sur une compétition alors, je me re-concentre sur ce qui est essentiel pour moi : me faire plaisir dans les blocs et les voies que je découvre.

 

Tu découvres la grimpe un peu par hasard, comment s’est passé ton premier contact avec ce sport ? C’était lors d’un stage multisports dans un centre aéré. Ma sœur Margot et mon frère Max étaient avec moi pour une sortie d’initiation à l’escalade en milieu naturel. Lorsque mon papa est venu nous chercher le soir et l’animateur lui a dit que nous nous étions énormément amusés et lui a demandé si on avait déjà de l’expérience dans cette activité. Découvrant que nous n’avions jamais grimpé, il lui a conseillé de nous inscrire au club de Saint-Leu (7 à l’Ouest). L’histoire a commencé ce jour là. Je ne sais pas qui était cet animateur mais je ne le remercierai jamais assez pour ce conseil !

 

Tu es soutenue par ton père mais on sait que ta sœur jumelle Margot et ton frère Max possèdent eux aussi des prédispositions pour faire ce sport. Max est devenu champion de France Poussins dès sa première année de compétition et Margot s'est classée troisième l'an dernier. Mon papa ne croit pas trop au talent. Il nous dit toujours que c’est le travail qui paie et que s’il y a du talent on le verra plus tard et au plus haut niveau. Alors pour l’instant on n’en est pas là…

 

D’ailleurs, ta sœur et toi vous avez reçu le soutien du Département Réunion notamment pour votre participation récemment à un championnat national, est ce que cette aide est importante ? C’est vraiment super important d’avoir de l’aide pour nos projets. Que ce soit en naturel ou dans les compétitions il faut voyager, acheter le matériel d’escalade etc. L’escalade n’est pas un sport souvent sponsorisé, comme le football par exemple. Alors quand on a des soutiens on est toujours très contents et reconnaissants parce que ça nous permet de poursuivre notre aventure avec de nouveaux projets.

 

Comment tu vois la suite, on parle bien sûr de la coupe d’Europe et de la future coupe du monde ? Pour l’instant mon premier objectif est de gagner mon troisième championnat national, parce qu’en Poussins-benjamins il n’y a pas encore de circuit international. Après, normalement les choses s’enchaînent naturellement si je suis sélectionnée en équipe de France. Pour les premiers championnats du monde il me faudra encore attendre au moins août 2019, si tout se passe bien. Ca fait presque deux ans ! Alors je patiente et je m’entraine pour y arriver préparée.

 

Tu voyages beaucoup et l’escalade de bloc te prends beaucoup de temps, comment organises-tu ta vie de collégienne et de jeune adolescente tout simplement ? Cette année j’ai dû prendre une inscription au CNED pour réussir à concilier les entraînements au pôle, les stages, et l’école. J’ai trouvé mon rythme et je peux vivre ma passion à fond sans rater de cours. J’ai plein d’amis au club et au pôle, du coup pour l’instant ça se passe très très bien.

Les exploits d’Oriane sont à suivre sur les réseaux sociaux, peux tu nous dire comment faire pour être informés ? Il y a mes pages facebook et instagram mais aussi la chaine youtube de mon papa Stefano, sur laquelle il y a toutes les performances de la famille sur les sites de bloc où l’on va. Avec Margot et Max on a quelques sponsors comme EB climbing et Flathold ainsi que des soutiens locaux comme 0-3000, L’entrepôt escalade et maintenant le Département de La Réunion ! Du coup j’ai envie de les soutenir à mon tour sur le net car c’est aussi grâce à eux qu’on peut voyager pour réaliser nos projets.

Oriane Bertone sur une falaise
Oriane Bertone sur une falaise
Oriane Bertone sur le podium
Oriane Bertone sur le podium