Transcription textuelle des vidéos : 13 Réunionnais reçoivent le Prix Départemental du Mérite - 2020

06 nov. 2020

Emma TECHER, agricultrice, élue à la Chambre d’Agriculture, présidente de l’AFDAR :

Techer Emma, agricultrice, élue à la Chambre d'Agriculture, et présidente de l’AFDAR (Association Féminine pour le Développement Agricole de La Réunion).

 

Une volonté de mettre en avant les agricultrices

Agricultrice déjà c'est mon mari la commencé, et ma fait grandir mes enfants et puis quand les enfants la rente à l'école ma décidé de aide mon mari. Ce que lé compliqué dans le métier d'agricultrice c'est que les agriculteurs y crois que nous lé pas capable de, de par exemple prendre la pioche et rale in pioche tout la journée. Nana vraiment d’zagriculteurs lé vraiment durs quoi et puis lé normal aussi agriculteur c’est pas un métier facile hein. Nous lé obligé de faire nos preuves oui. Il faut encore changer les mentalités.

« L'Association Féminine pour le Développement Agricole de La Réunion » parce que les femmes dans l'agriculture lé vrai que lé pas trop reconnu hein. Nous c’est une équipe de jeunes, nous voit plein de choses pour l'avenir, la vente de produits heu, ben nous réunit à nous aussi parce que nous peut pas parle que de l'agriculture aussi ou conné quand na d’femme, y parle pas que de l’agriculture, pou change un peu les idées aussi hein. Alors nous fait un travail de conseil aussi auprès des agricultrices. Là par exemple nous la, sur Cilaos nous la trouvé six d'agricultrices qui veut rente dans l'association. Pour nous c’est une découverte, parce que nous connaît pas du tout la production à Cilaos. Et puis zot va apprendre aussi heu, les gens de la Plaine des Cafres quoi y plantes par exemple, les agricultrices la Plaine des Cafres, les agricultrices du côté de Saint-Joseph, y fé de curcuma, il fé de la rouroute tout ça nous nous connaît pas donc c'est pou ça heu, na beaucoup d’échanges dans l'association.

L'association y met en place là heu, lé en train de mettre en place des marchés de productrices. Pour prouver que nos produits ben c'est nous qui fé, nous participe à faire tout ça.

 

Une valeur importante à vos yeux ?

Alors solidarité parce que il faut donner aux agriculteurs les informations. C'est dans ma façon aussi, ou conné moin ma lé gentille moin (rires) moin lé gentille moin lé solidaire lé vrai hein.

Mi aime pas voir les gens dans une mauvaise situation. Donc si mi gagne trouve une solution pou zot mi essaye.

 

Et pour l’agriculture de demain ?

Faut tout le monde y  travaille ensemble ! Parce que c'est les agriculteurs y travaille mais faut la population y consomme ce que nous fait aussi, va encourage à nous de travailler. Bana y dit que le produit local lé cher, lé pas cher hein ! Et puis c'est pour la santé aussi parce que tout ce qui sort dehors na plein de produits dessus. Les gens y nourrit à zot mal mi trouve à La Réunion. Malheureusement nous lé en train de perdre noute, nout’ traditions.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Raymond LUCAS – Botaniste – association Amis des Plantes et de la Nature :

Raymond Lucas, quand li la pris sa retraite, li calcule y faut lu fé un affaire. Et moin la voulu occupe à moins le band pied d’bois La Réunion, nout patrimoine floristique, et aussi sur le savoir-faire populaire de nos aïeux.

 

Une mission pour les « Amis des Plantes et de la Nature »

Nous la monte un l'association en février 1996. L'association c'est l’APN : les Amis des Plantes et de la Nature. Notre mission, c'est sauver nout pied d’bois pays, pour assurer la sauvegarde de notre patrimoine floristique. Et pou ça nous la trouve un seul remède, c'est fé connaître ! Nous la remarqué que dès qu’le boug y conné, na un ressenti qui réveille en lu. Et lu fini par aime le plante, protège la plante, essaye trouve un ti grain pou planter, et assurer la sauvegarde nout pied d’bois. Si nous plante nout z’enfants va revoir ce pied d’bois là.

Aujourd'hui notre association lé sollicité par les communes, par les établissements scolaires, par l’ONF, des structures officielles, par le parc national.

 

Un ou deux mots pour vous qualifier ?

C’est un l'amour, de sak ou fé. Et deux la ténacité. Si ou y peut argumenter, justifier sak ou fé, fonce, fé ali. Et ça Raymond Lucas li, la ténacité li néna.

 

Une évolution souhaitable pour l’avenir ?

Le coup d’main nous la besoin, c'est que l’école y aide a nous et y participe aussi à faire connaître aux marmailles zot environnement originel et naturel que lé à côté d’zot. Que zot y découvre zot île, zot pays, zot ravines, zot forêts, zot pied d’bois. Et ça l'école y peut aide à nous.

On ne peut pas sauver un patrimoine si on plante pas !

 

 Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Pascaline PONAMA, Directrice de la fédération « Méti-tresse » :

Pascaline Ponama, j'ai 44 ans, je suis née et j'ai grandi à saint benoît.

 

Une mission : reconnecter le social avec le monde économique

Aujourd'hui je suis donc directrice de la fédération « Méti-tresse », c'est une jeune structure qu'on a créé en 2017 pour venir en aide aux acteurs qui travaillent les fibres végétales, le choka, le vacoa, la paille chouchou, bambou, coco, vétiver etc. J'ai fait un parcours littéraire dans ma formation et puis j'ai découvert le bénévolat associatif. J'ai commencé d'abord dans le développement de quartiers, j'ai évolué dans l'accompagnement socioprofessionnel, donc des publics en difficulté, et puis j'ai voulu comprendre le milieu économique parce que j'ai trouvé que le milieu social était souvent déconnecté du monde économique. Et je me suis retrouvée à diriger une structure d'accompagnement à la création d'entreprise, donc la couveuse, pendant une dizaine d'années. Je me suis efforcée en tout cas à essayer de créer des passerelles entre le monde de l'insertion et le monde économique. Donc j'ai ensuite évolué en créant mon entreprise dans l'ingénierie de projets avec une spécialisation dans le champ de l'économie sociale et solidaire, puisque ça c'est mon dada en fait. Je n'ai pas compris en fait tout dans mon parcours pourquoi on avait autant de monde qui galérait pour trouver un emploi, alors que de l'autre côté il y aurait des activités à développer et qu'on ne sait pas le faire.

 

Une militante persévérente

Quand je suis confrontée à des cas d'injustice, que ce soit pour moi ou pour les autres, j'ai tendance à réagir. C'est ce qui a aussi motivé mon implication dans le milieu associatif en tant que bénévole, en tant que militante.

On dit de moi aussi que je suis quand même quelqu'un d'assez persévérant. Donc je ne lâche pas souvent l’affaire quand, voilà quand j'ai une idée en tête, c'est ce qui me permet aussi de contribuer efficacement à développer des projets.

 

Une amélioration pour l’avenir ?

Notre enjeu dans notre filière des fibres végétales c'est de changer le regard du réunionnais sur ce patrimoine, que les gens arrêtent de rester seul dans leur coin. Si nous sommes nombreux nous aurons une écoute peut-être plus attentive de la part des collectivités et des institutions. En tout cas nous l'espérons.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Louis DOURAGUIA, dit « Gros Louis » - Restaurant « La détente » à St-Pierre :

Douraguia Louis, réstautant « La détente » chez gros Louis.

 

Une personnalité à Saint-Pierre !

Mon papa y té vende légumes dann marché couvert ter là, par en haut là. Ben ma suive à li, ma commence fé légumes, 15 ou 20 ans légumes avec li. Après quand moin lété fini, ma la rouvert un camion bar dessus le port St-Pierre. Quand la rouvert le restaurant en 1991. Frédéric François té vient mange ek moin, Carlos té vient mange avec moin. Mi arrive en France, na demoune en France y crie « oté gros Louis !» Mes enfants y dit « papa ben, en France demoune y conné à ou ? »

Moin té vice-président « La Saint-Pierroise » aussi, 42 ans dirigeant la Saint-Pierroise. Maintenant mi gagne pu aller. Y fé mal à moin quand vraiment, y parle à moin la Saint-pierroise mi té y aime trop, trop trop trop. Moin té pas sérieux moin même hein. Quand té parle à moin, docteur té donne à moin le rendez-vous, mes enfants y di « papa, telle date ou néna l’artère pou déboucher-là », mi di laissé ben quand ma arrivé ma aller ! Ben quand ma sorte l’Espagne voir Barcelone/Paris, ben 3 jours quand ma la arrive ici, le soir ma senti le douleur, tout de suite la envoye à moin St-Denis opère le cœur. La coupe mon jambe, un, dann 22 jours la coupe l’autre. Crois à moin mi pleure quand mi imagine ça, moin té y aime trop le sport. Kossa ou va fé lé fini lé fini ! Si moin té pas de famille, moin té pu vivant là, bana té débrancher. Moin lavé toute la famille mes enfants tout autour de moi, ben sa mi oublie pas, et mi jete pas zot (émotion). Y fé mal à moin, ma lavé vraiment vraiment vraiment des camarades ek moi.

Avant moin la tombe malade coupe mon jambe, ma parti la mairie, la mette su le nom mon garçon.

 

D’une générosité remarquable

Mi trouve quelqu’un po fouille dans la poubelle. Mi di monsieur, mi di quoi pou fé ? la di nou po regarde mangé pou manger. Mi dit tire un repas donne bana va. Merci monsieurs Louis, merci monsieurs Louis, jusqu’à maintenant hein. Ma di mon garçon si un moun y passe, y rode un repas, donnes à zot. Mi té donne toujours moi, toujours.

 

Le plus important pour l’avenir ?

Mi sorte là-bas pou moin voir mon ti zenfant. Comme demain mercredi na point l’école, na deux trois ti zenfants lé là, moin lé content. Ma la gagne sorti dans ma vie, ma la gagne voyager, ma la gagne aller danser, ma la gagne fé la fête, maintenant mon ti zenfants y passe avant tout et mes enfants y passe avant tout, et mon famille y passe avant tout.

Bon allons boire un coup avant, on mange après !

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Jean-Claude Coindin - Entrepreneur :

Bonjour je suis Jean-Claude Coindin. Je suis patron de plusieurs entreprises, notamment « Cases Créoles Construction », une entreprise qui a déjà 22 ans. Ensuite pas mal de métiers encore à côté comme le bien-être par exemple, avec « Bien-être Créole », la gestion immobilière et surtout la télévision.

 

Un entrepreneur très diversifié

En fait tout a commencé il y a quelques années de cela, parce que mon père étant marin pêcheur j'ai décidé de pêcher avec lui. Mais après l'école m'a rattrapé, donc j'ai passé mon bac ici à La Réunion, avec des études d'ingénieur. Je suis retourné ici à La Réunion où j'ai travaillé dans des grosses sociétés comme conducteur de travaux, ingénieur en béton armé. Et ensuite j'ai créé « Cases Créoles Construction » en 1998, et les autres métiers ont suivi un petit peu après. J'ai été pendant quelques années pilote d'avion, donc je faisais la ligne Réunion-Maurice et Réunion-Madagascar, Réunion-Tromelin aussi puisque j'ai fait quelquefois la relève des météorologues à Tromelin.

« Cases Créoles Construction » était un concept au départ qui a été défini par un besoin puisque il y avait personne qui ici à La Réunion qui construisait des maisons créoles, sinon c'était des maisons créoles qui était très très très chères. Donc on a décidé de créer des maisons qui sont pas cher du tout et donc des maisons qui sont à la portée de tout le monde. On a été récompensé en 2010 par une médaille qui s'appelle la médaille du sénat, on a été médaillés du sénat pour avoir construit la maison la moins chère de France. Une maison très simple basée sur un concept dimensionnel, c'est à dire qu'on a beaucoup de dimensions et donc on a fait en sorte d’essayer d'industrialiser ses dimensions là pour descendre les coûts, et aujourd'hui on arrive à construire un peu plus d'une centaine de maisons tous les ans comme ça.

La télé est partie d'un principe ou avant je dépensais énormément d'argent à communiquer pour nos maisons sur d'autres chaînes de télé à La Réunion, et donc du coup je me suis dit quand « Kanal Austral » était en vente en 2008, pourquoi pas acheter une chaîne de télé directement tant qu'à faire. Et puis de fil en aiguille c'est pas devenu seulement une chaîne pour faire ma propre communication, mais aussi pour m'amuser. Et depuis 2008 on est arrivé à avoir un programme qui satisfait énormément les créoles et aussi la population de l'océan indien.

 

D’un naturel persévérant

En fait moi j'ai une particularité c'est que je suis persévérant. Donc c'est à dire que lorsqu'on entreprend quelque chose, eh bien je ne lâche pas tant qu’on n’a pas fini.

 

Un souhait pour l’avenir ?

C’est de faire en sorte qu'on a des maisons qui deviennent encore moins cher. Oui c'est possible encore de gratter encore quelques euros puisqu’aujourd'hui la technologie nous permet d'avoir des matières premières qui sont à moindre coût. Donc actuellement on travaille sur des modèles de maisons, des concepts de maisons, pour descendre encore le prix de revient

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Octobre 2020

 

Gabrielle FLORIANT : Bénévole dans le « Comité des Chômeurs et des Mals Logés du Port » :

Bonjour zot toute, je me présente Gabriel Floriant. Je suis bénévole dans le « Comité des Chômeurs du Port ». Je siège à la commission des affaires sociales du CCAS aussi.

 

Pourquoi cet engagement dans le « Comité des Chômeurs et des Mals Logés »

J’étais ancienne professeur des écoles, je suis en retraite, et donc ensuite j'ai voulu m'investir dans une cause utile, donc s'occuper des sans abri, des gens les plus démunis. Et cela dure depuis 18 ans. On a à peu près une quinzaine, une vingtaine.

Donc le matin c’est le petit déjeuner des sans-abri, donc ça se passe entre 8 heures et 9 heures et après à 11h y a le repas. Le repas est offert par la mairie. Ils restent à peu près 20 minutes et après ils ressortent, on va les faire rentrer par groupes.

Donc je participe aussi à la préparation, à la distribution de colis. Alors nous recevons les vivres avec les gandes surfaces, et aussi nous recevons aussi pas mal de choses de la banque alimentaire des mascareignes. Disons presque tous les jours on reçoit des fruits, ce sont les invendus, voilà.

Alors je participe activement au repas de Noël, qui a lieu en décembre, et donc c'est un moment de partage et de convivialité.

 

Une mission, apporter du réconfort

Alors je suis dévouée, donc j'aime rendre service aux gens autour de moi, et puis apporter aussi un peu de réconfort, un peu d'entraide. Ben parce que je trouve que y a tellement de misère et tout bon ben, moi je ne fais pas grand chose mais j'essaie d'apporter quand même un réconfort à ces personnes-là.

Pour moi chaque personne a sa place dans la société.

 

Ce qui pourrait améliorer l’avenir ?

J'aimerais bien que d'autres personnes rejoignent l'association. Et on aimerait bien aussi avoir un travailleur social qui ferait le suivi des sans abris.

« Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but commun : l'épanouissement de chacun dans le respect des différences », Françoise Dolto. Voilà c'est tout…

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Luco ABLEZOT : Président de l’association « Hibiscus » à Basse Terre :

Moi mon nom c'est Ablezot Luco, mi habite su Basse Terre, et moin lé bénévole dans l'association « Hibiscus » depuis 1993, depuis la création.

 

Hibiscus, une association pour l’insertion des jeunes

Cette association a été créée par un groupe de jeunes du quartier, ayant pour but, bon en ce temps-là c'était plutôt plus le côté sportif, sportif et culturel. Ben les jeunes y retrouve à zot un ti peu sans rien faire, donc là-dessus n’avait l'idée quand même de monter un ti équipe de football pour participer au championnat inter quartiers. Voilà quartier Basse Terre avant l’était, tout ça l’était en caro d’cannes ça hein. Au fur à mesure nous la constaté que néna des bâtiments que lé en train de construire, mais y propose pas rien pour les jeunes. Donc 97, c'est là c'est le mouvement ou la changé un ti peu tout. Donc nous la pu rencontrer un peu tous les élus de l’époque, nous avons travaillé et élaboré des projets. Et au fur et à mesure les choses ont évolué, ben le travail était sérieux, et aujourd'hui nous travaillons avec plusieurs partenaires. Nous travaillons avec la mairie de Saint-Pierre, nous travaillons avec le Département, nous travaillons avec le Conseil Régional, nous travaillons avec la CAF. Et ma toujours été toujours le bénévole dans, dans ce circuit, et en 2014 ben ma lé passé président. Dans ce circuit plus de jeunes ont pu quand même avoir leur diplôme pendant ses contrats de travail. Ben y a plusieurs jeunes qui ont pu quand même être intégrés dans des entreprises, certains jeunes même ont pu quand même créer leur propre entreprise. Pour nous, nous trouve quand même que na fait un bon travail parce que c'est quand même un passerelle pour tout ça.

 

Un maître mot l’engagement

On est près de l'humain hein, mi aime bien hein. Les autres la aide à moin et aujourd'hui mi achève dire mi gagnera pas rendre toute, mais quand même que si ou na la possibilité de le faire, ben mi fé parce que faut nous garde toujours cette solidarité là pour toujours avancer dans la société.

 

Et pour un avenir meilleur ?

Aujourd’hui la eu une réforme, la réforme de la formation professionnelle, que aujourd’hui les OPCO ne financent plus des grandes formations en terme de préparation des titres. Si aujourd'hui l'État reprend un petit peu en main à refinancer des formations diplômantes, ben les personnes qui sont toujours dans cet objectif d'insertion pourraient quand même trouver du travail pérenne pour plus tard. Ça c’est le seul gros regret aujourd'hui nous voit.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

 

Vivienne GOVIND, Accueillante familiale à Dos d’âne :

Alors Govind Vivienne, accueillante familiale depuis plus de 20 ans on va dire.

 

Un métier passionnant :

Donc j'ai commencé ce métier par l'intermédiaire d'une amie. Donc je me suis formé sur le tas, j'ai acquis de l'expérience, c'est un métier qui me passionne. Au départ j'ai eu un placement thérapeutique, que la par contre c’était très difficile. Donc j'ai fait, j'ai tenu quand même 5 ans hein. Et je me suis lancé dans le social, donc pour moi le social c'est ce qui me convient.

Il faut être présent tout le temps, il faut les stimuler, les mettre en confiance. Heu, j’aidais la petite dame par exemple à se coiffer, à se laver, elle avait de la reconnaissance, heu elle me disait toujours merci, t’es comme une maman pour moi. Donc là ça fait plus de vingt ans et j'aime mon métier, j'ai accueilli quand même pas mal de gens, des grabataires. Souvent on fait des trucs de partage avec les familles d'accueil, donc après même on a l'équipe des actions de santé du Port, donc c'est très, très bonne équipe, donc le moindre petit souci qu'on a on appelle, on nous conseille, voilà quoi hein.

 

Une qualité indispensable : la patience

Après c'est un métier, il faut avoir de la patience. Défois on tombe sur des gens que na un sale caractère par exemple, et si on n'est pas patient on n’y arrive pas hein, on abandonne, on dit non on arrête. Ces personnes âgées là quand elles arrivent chez nous, on les intègre dans notre famille. C'est comme un membre de notre famille. J'ai des petits enfants aussi, et les petits enfants ils sont attachés à ces mamies hein.

 

Ce qui pourrait être amélioré ?

C'est un métier on va dire 24 sur 24, faut être présent tout le temps. Mais après le seul truc c'est, quand on travaille pas, on n'a rien. Pour les familles d'accueil qui ont seulement un accueilli par exemple, c’est difficile. Aussitôt y a un décès ou bien la personne y part, y a plus de revenus, c’est difficile. Ah ben ché pas peut-être essayer de mettre d’ASSEDIC comme pour tout, tout autre emploi, plus de reconnaissance voilà, ouais, ouais, aussi.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Marie-Jeanne RIVIERE, Famille d’accueil aux Makes :

Madame Rivière Marie-Jeanne, j'ai 56 ans, j'ai trois enfants. Dans la vie je suis famille d'accueil, depuis 22 ans.

 

S’occuper des personnes âgées, une réelle vocation

J'accueille trois malades, un hémiplégique, un tétraplégique et un malade aussi de l’alcool.

Après mon mariage que j'ai travaillé avec mon mari ben, pendant 12 ou 13 ans à faire des samoussas, les traditions créoles et tout ça, ça me permet pas d'être avec mes enfants plus, plus présent, j’étais pas présente avec mes enfants. Ma la cherche quelque chose pour que moin lé plus épanouie avec mes enfants, et mi di ben heu pourquoi pas les personnes âgées ? pour moi c'est ma vocation parce que, à l'âge de 16 ans j’ai aidé ma matente, elle était malade elle a eu une suite de couche et puis ben j'allais chez elle pour de lui donner son bain, faire le manger et puis nettoyer sa maison. Ah oui c'est très important de soutien de mon mari surtout. Ben lui ben, on est complémentaires tous les deux. Quand parfois ma la besoin aller à la pharmacie, ou soit en ville ben il est là, c'est lui qui s'occupe d’eux. Et puis même dans les, pour les courses et tout et pour tout. Il faut, il faut quand même avoir un soutien familial, même les enfants.

 

Une amélioration souhaitable pour l’avenir ?

Quand on a un fin de vie chez vous pendant 6 mois ou un an ou deux ans et demi, on est fatigué. On est fatigué et puis on a envie de faire notre deuil aussi. Ben pou nous c'est notre famille, c'est mon grand-père, ma grand-mère et mon frère parce que parfois il est jeune aussi. Au moins l’ASSEDIC pour pouvoir se reposer un petit peu pendant six mois et puis après reprendre le travail après. Parce qu'on peut travailler tout de suite mais parfois on n'est pas prêt, on est trop fatigué pour reprendre tout de suite.

 

Les qualités indispensables à avoir ?

Moi ce qui aide à moi, heu c'est la foi que moi néna pour aider les autres aussi, et accueillir les personnes et puis donne à zot une place pou habiter. Aussi donne à zot une famille aussi, parce que na un peu lé tout seul.

Beaucoup de patience, beaucoup beaucoup beaucoup de patience, très à l’écoute de ce que zot la besoin. Heu être attentionné, avoir la disponibilité po zot aussi, parce que si ou lé pas disponible, ben ou peut pas non plus faire ce travail là. Et avoir beaucoup d'amour, beaucoup beaucoup, dans la poche pour donner.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Eric LANGUET, danseur et chorégraphe – Compagnie « Danses en l’R » :

Bonjour, je m'appelle Eric Languet, je suis chorégraphe avant tout, danseur et pédagogue de danse contemporaine et de danse intégrante.

Ça fait un peu plus de 40 ans que je danse. J'ai commencé la danse à l'île de La Réunion où j'ai grandi, et puis après j'ai fait une carrière qui m'a amené de l'Opéra de Paris au Ballet Royal de Nouvelle-Zélande, avant de revenir à La Réunion et d'installer la compagnie « Danse en l'R » dont je suis le responsable artistique, chorégraphe et pédagogue.

 

Pourquoi la danse intégrante ?

J'ai rencontré un danseur professionnel handicapé britannique qui s'appelle David Toole. C'est un monsieur qui n'a pas de jambes, qui a un corps complètement difforme, et c'est le plus beau danseur que j'avais jamais vu de ma vie. Ça complètement chamboulé toutes les notions que j'avais sur l'esthétique, sur le beau, sur qui pouvaient danser ou pas et tout ça. Et j'ai eu envie en revenant dans ma compagnie de le partager avec des gens et d'expérimenter, voilà une pédagogie qui permette à des gens de danser ensemble peu importe leurs différences.

Le concept de danse intégrante c'est d'être persuadé que ce n'est pas le handicap qui définit la personne humaine, mais c'est plutôt son environnement humain et structurel qui va définir le taux de handicap de cette personne. Donc nous c'est notre mission qu'on s'est donné en danse intégrante, c'est de justement changer cet environnement. La première chose c'est de rendre accessible la danse à tout le monde, aussi de pouvoir outiller les personnes pour leur permettre d'être indépendantes et autonomes, et d’être de réels citoyens conscients.

 

Un trait de caractère ?

Je suis curieux du monde qui m'entoure. Et je vais voir, je vais essayer de comprendre, je vais essayer de comprendre sans à priori, sans juger les gens à priori ou les faits. J'essaye d'être le plus neutre possible voilà, ce qui m'a permis aussi d'aller au-delà de beaucoup d'idées préconçues, par exemple sur le handicap et tout ça.

 

Ce qui pourrait être amélioré ?

Une beaucoup plus grande implication des personnes handicapées elles-mêmes dans leur prise en charge, dans toute la réflexion qui se porte sur le handicap, sur la citoyenneté et tout ça. Parce que beaucoup de choses se font sans elles, sans ces personnes-là. Et sans vouloir plagié  Gandhi ou Mandela qui disait que tout ce que vous faites pour moi, mais sans moi, vous le faites contre moi. Et je pense qu'il y a beaucoup plus à ce niveau-là d'implication, et de rechercher leur parole.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Christian BAPTISTO, auteur, compositeur, interprète :

Christian Baptisto, enfin je suis retraité, et puis bon ben artiste chanteurs et puis aussi membre de l'association « les Chokas » présidée par mon épouse Huguette Baptisto, depuis décembre 95.

 

Pour la sauvegarde du patrimoine musical

M’avais un copain qui s'appelait Louis Jean-Paul, ma l’avait 16 ans, et puis Marcel Sellier qui jouaient dans un orchestre qui s'appelait « les aventuriers ». Ben comme zot y voyait que mi chantais et puis mi jouais un ti peu de la guitare, donc mon 1er orchestre c'était dans « les aventuriers » en 1966 à peu près. Moin la joué dans « les Kids » avec Célo Albac le mari de Michou. Moin la joué aussi beaucoup dans « le Club Rythmique », avec Michel Adélaïde, Fred Espel, et puis ma joué encore dans une dizaine d’orchestre, mi sa pas énumérer là parce que nou na que deux minutes hein. Et entre temps en 76, moin la fait mon premier 45 tours. Ben la eu 8 ou 10 45 tours et puis des CD jusqu'aujourd'hui. Ma travaillé avec Paul Mazaka et ensuite Catherine Chane-Kune à la direction de la culture. Avec Paul, et puis il y avait aussi Gilbert Pounia à l'époque, Jacqueline Farreyrol, nous la lancé l'opération des CES-Musique en 90. Donc en 91 nous la fé le festival au théâtre de Saint-Gilles avec « Zétwal katrer » que la reçu et en 93 c'est de là que la démarré la fabuleuse carrière de Gramoun Lélé. En décembre 95, avec mon épouse Huguette nous la décidé de faire l'association « les chokas ». Lé axé sur la musique hein. La musique, la préservation de notre patrimoine immatériel musicale. Nous la fé un festival au théâtre de Saint-Gilles qui s’appelle « Jeunesse Maloya » que la commencé en 2003 et que la terminé en 2017. Et après nous la fé « Bourbon All Star » aussi à partir de 2017 pour le festival des seniors « les grands de la musique réunionnaise », en parallèle pour la sauvegarde du patrimoine nous la fé les CD. Ben néna à peu près une dizaine hein. Nous la commencé par « Bourbon Maloya » hein. C'est une anthologie sur le Maloya, la dedans nana un livret de 40 pages qui raconte l'histoire du Maloya, et même en 2018 nous la fait un catalogue que nous la mis en valeur 25 artistes et cette année nous refait un autre sur 25 autres artistes.

 

Un trait de caractère ?

Et ben moin mi pense que le trait dominant ben c'est l'amour quoi hein. Pour faire ce que mon épouse et moi y fé, il faut avoir beaucoup d'amour pour son prochain. Parce que nous gagne zéro franc ladans hein. Mé seulement nous fé parce que nous y’aime, ben parce que nous na l’amour tout simplement.

 

L’important pour l’avenir ?

Il faut pas que nous oublie nout passé. Donc il faut toujours que nana cette préservation-là. Cette préservation du patrimoine et puis aussi un engagement, que ce soit du côté associatif ou même des côtés politiques.

Et aussi ben, merci à mon épouse parce que… déjà mi regarde un joli moune et puis elle y aide à moin (rires)

 

Commentaire :

Derrière chaque grand homme il y a une grande femme.

 

Christian Baptisto :

Aaaaaahhh (applaudissement)

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Octobre 2020

 

Clovis ETCHIANDAS, guide patrimoine / conférencier à l’Office du Tourisme de l’Ouest :

Moi c'est Clovis Etchiandas, guide patrimoine et guide conférencier à l'Office du Tourisme de l'ouest.

 

Un « guide péi » passionné

Aussi loin que mi souviens quand même, moin l’était baigné dans le tourisme mi diré hein. Ma la fait des formations pour être guide, ma formation de guide la amène à moin en Haute-Savoie, la mecque de la randonnée comme y dit. Ma retrouve à moin dans les chasseurs alpins avec ma qualification-là. Après ma la galère un peu avec mon band grand ski té arrive à moin au-dessus de la tête mais bon (rire) seul caf là-bas dann chasseurs alpins donc en Haute-Savoie. Revenant dans le pays, c'est le début du tourisme, et puis bon des années comme ça en tant qu'accompagnateur en montagne, avec mon ti madame de Mafate, nous la gère un gîte, « gîte du pavillon » quatre ans après, donc presque six ans moin la reste dans le cirque de Cilaos. Et après ben retour aux sources, moin un marmaille St-Leu. Depuis 2014 l'office du tourisme de l'ouest qui employe moin en tant que guide patrimoine en fait. Mais dans ce guide patrimoine-là nana et la partie montagne, et la partie urbain. Et quand ou parle au créole de son histoire véritable, ben li accroche. Donc sur les produits « Zarlor », donc nous la mettre un gros paquet de, mi diré de culture autour, avec une vraie histoire de La Réunion hein. C'est pas que mi di lé fini « ti fleur fanée », « ça sent la banane » mais (rires) le touriste extérieur y vient li greffe dessus mais la base, la base est locale. Donc cette double mission c'est faire passer le message que nous néna du patrimoine en danger que y faut nous sauvegarde.

 

Une joie de vivre à partager

A moin mi pense moin un marmaille moin lé joyeux, mi aime la vie. Mi aime que quand mi trappe demoune y ressent ça aussi. Quand nous sava avec voilà nous na un bon ti moment pour partager, nous mette un peu de sentiments, sentiments, nous mette nout cœur dans une visite. Si nous veut intéresse le local de toute façon li, tout de suite li va comprendre hein.

 

Un souhait pour l’avenir ?

Y a un recensement notre patrimoine mais maintenant il faut passer à l'étape suivante, la restauration de ce patrimoine. Sinon on va avoir des noms comme ben, « Stella », « 4 robinets » tout ça ou, « 46 » des quartiers de Saint-Leu où ben, on sait plus pourquoi. Donc ni aimerait bien que tout le monde met’ la main ensemble pour sauvegarde en fait ce patrimoine-là. Parce que comme mi dit à ou, parler du tourisme sans parler de notre patrimoine sauvegardé et restauré, nous va faire rien à li de manière virtuelle. Moin mi veut encore fé ali de manière présentiel encore moin. Tant que mi vive.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Septembre 2020

 

Alexis MIRANVILLE, enseignant à la retraite, historien, chercheur :

Alexis Miranville, ancien professeur d'histoire géographie dans le secondaire.

 

Mettre en avant l’Histoire de La Réunion

Bon moi je suis un arrière-petit-fils d'esclaves hein. Je n’en suis ni fier ni honteux parce que je n'y suis pour rien. Des parents totalement illettrés, vivant dans une case en paille. Pendant que j'étais prof je faisais partie aussi d'une association qui s'appelait l'ARCA, association pour l'alphabétisation des adultes. J'ai fait deux années d'enseignement à la Sakay à Madagascar, et quand j'ai découvert cette société coloniale, c'est là que je me suis mis à l'histoire de La Réunion. Donc j'ai emmagasiné les résultats de mes recherches, et c'est après la retraite que j'ai pu commencer à faire mes publications, portant sur l'histoire locale, et plus particulièrement sur celle de Saint-Paul, et également sur le quartier historique de Villèle.

J’ai été également co-fondateur de l'association des muséophiles de Villèle. C'est une association qui a son siège au musée et qui travaille pour le rayonnement du musée. Mais j'ai également écrit les textes des panneaux d'exposition sur la « grotte des premiers français », qui sont toujours visibles, et sur la vie quotidienne des esclaves de Madame Desbassayns.

 

Un trait de caractère ?

Rigoureux. Rigoureux parce que c'est indispensable quand on veut faire de l'histoire. L'historien n'avance rien sans preuves. Il doit toujours porter un regard critique sur les ressources qu'il utilise.

 

Ce qui pourrait être amélioré ?

Beaucoup de réunionnais connaissent encore mal leur histoire. Les programmes scolaires déjà chargés laissent peu de place à un tel enseignement. Les commémorations officielles et d'autres dates bien choisies pourraient être également l'objet d'exposés, de conférences, d'activités périscolaires. Cela se fait déjà dans certains établissements mais cela pourrait être généralisé voire amplifié.

 

Réalisation : Emmanuel RICHARD / Alexandre RIVIERE

© Département de La Réunion – Octobre 2020