Une stèle pour les enfants de la Creuse - 2023

20 nov. 2023

C’est l’une des pages la plus douloureuse de l’histoire de La Réunion. Entre 1962 et 1984, 2015 enfants ont été envoyés dans les départements de France et plus spécifiquement dans la Creuse. Une stèle a été dévoilée ce lundi 20 novembre au débarcadère de Saint-Paul en présence du préfet Jérôme Filippini, Cyrille Melchior, président du Département, Huguette Bello, présidente de Région et les représentants de la Fédération des Enfants Déracinés des Département et Régions d’Outre-mer (FEDD) à l’origine de cette commémoration.

Le 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant. C’est cette date qui a été choisie pour commémorer l’histoire des enfants dits de la Creuse. Après Paris et Saint-Denis c’est à Saint-Paul qu’une stèle de l’’artiste Nelson Boyer, a été installée au niveau du débarcadère pour leur rendre hommage.

« Cette quête de dialogue et de proximité trouve aussi écho à travers l’œuvre de Nelson Boyer dont je salue l’engagement sans relâche. Il y a 10 ans, le 20 novembre 2013, à l’initiative du Département, nous inaugurions à Gillot une première œuvre de Nelson Boyer. 

Cette œuvre était un devoir. Le regard tourné vers l'horizon, ces deux enfants de bronze nous interrogent et nous interpellent, comme une invitation à ne jamais baisser les bras et à ne jamais oublier les lourdes pages de notre Histoire», a expliqué le président du Département.

Une cérémonie de souvenir intitulée « Résilience » où plusieurs témoignages des enfants dits de la Creuse ont une fois de plus rappelé la violence de ce qu’ils avaient subi. A l’image de Jocelyn A-Poi exilé dans la Creuse à 13 ans et qui revient pour la première fois sur son île natale, 58 ans après son déracinement.

« Ici à Saint-Paul, ce mémorial prend un sens tout particulier. Un double hommage pour les 250 enfants qui  ont été envoyés loin de chez eux et un hommage à Sudel Fuma qui a perdu la vie à quelques mètres d’ici et qui a toujours soutenu notre cause », a expliqué Valérie Andanson, présidente de la FEDD, elle même exilée dans la Creuse à l’âge de 3 ans. La FEDD rassemble les cinq associations « Rasinn Anlèr », « Racine Kaf » situées à La Réunion, « Les Réunionnais de la Creuse », « Couleur Piment Créole » et « Illégale Adoption Monde » basées en métropole. Cette fédération a pour but de mener des actions pour que l’histoire des enfants réunionnais exilés de force, dans le cadre d’une politique migratoire menée par Michel Debré alors député, soit reconnue.

Une commémoration qui a été aussi l’occasion de remettre le prix du concours d’écriture autour des droits de l’enfant pour les 6-16 ans. « Nous voulons que la jeunesse réunionnaise s’approprie notre histoire au travers d’un sujet qui la concerne, celle des droits de l’enfant. Nous militons pour que cette page sombre de l’histoire de France rentre dans les manuels scolaires non seulement ici sur l’île mais aussi sur le plan national », précise encore la FEDD.