UDCCAS au Département Un nouvel outil pour améliorer les actions sociales - 2021

28 oct. 2021

Logement et peuplement ; niveau de vie et pauvreté ; inclusion numérique ; isolement des personnes âgées… Aucun aspect de la vie quotidienne des Réunionnais n’échappe à l’Analyse des besoins sociaux ou ABS, présentée ce jeudi 28 octobre à l’Hémicycle du Département, lors d’une assemblée générale de l’UDCCAS (Union Départementale des Centres Communaux d’Action Sociale de la Réunion) présidée par Bruno Domen, maire de Saint-Leu. Réalisé par le cabinet Compas représenté par Hervé Guéry, le document de 240 pages est présenté comme « une Bible des actions sociales » qui permet de mieux cerner les publics les plus vulnérables et d’identifier les différentes sources de fragilité. 

 

Un outil d'aide à la décision

 

Pour le Président du Conseil départemental qui a assisté à la restitution, « l’ABS est un outil d’aide à la décision, de co-construction et d’adaptation des politiques publiques respectives, tout en ouvrant la voie à un engagement partenarial. Pour être efficaces, nous devons travailler ensemble : État, collectivités locales, ARS, institutions, MDPH, CAF, Pôle emploi, CGSS, MDPH, CCAS, associations… C’est en conjuguant nos efforts que nous obtenons de meilleurs résultats. Il nous faut plus d’agilité institutionnelle. Nous voulons pour le territoire, un Pacte social réunionnais, adapté au contexte local. Il nous faut développer une stratégie de lutte contre la pauvreté et faire que les villages, les quartiers éloignés, les îlets… soient pris en compte dans ces efforts à déployer contre la précarité. Aucune parcelle de La Réunion ne doit rester à l’écart de nos politiques publiques sociales ». 

 

144 000 paniers alimentaires distribués

 

Le Président Cyrille Melchior a saisi l’occasion pour rappeler le rôle essentiel des CCAS durant la crise sanitaire : « Le partenariat que nous avons établi en 2020 qui a permis la mobilisation de nos moyens respectifs, pour distribuer en un mois plus de 144 000 paniers alimentaires. Merci à l’ensemble des CCAS et des associations qui ont participé aux côtés du Département à cette mobilisation pour déployer cette action de solidarité en plein confinement, vers les personnes les plus isolées, les gramouns ». 

Il a été rappelé aussi que l’action du Département s’inscrit dans un cadre partenarial élargi à tous les acteurs sociaux, notamment aux CCAS : « Lorsque nous avons mis en place le PST (Pacte de Solidarité Territoriale) en 2018, la volonté était d’accompagner le territoire au titre des solidarités mais aussi de faire en sorte que ce qui se fait de mieux puisse servir et être élargi ailleurs. On voit bien que chaque CCAS a développé sa politique de solidarité spécifique à son territoire. Il faut sans cesse tirer le meilleur des expérimentations pour en faire bénéficier l’ensemble de l’île. Fort des enseignements du PST 1, nous avons reconduit ce dispositif dans un deuxième volet pour les 3 prochaines années. Beaucoup restent à faire. Nou lé là pou ça. Vous pouvez compter sur le Département car nous sommes au cœur même de nos missions en matière d’actions sociales »

 

Quelques données à retenir du diagnostic

 

Sur le niveau de vie et la pauvreté : le taux de pauvreté est beaucoup plus fort que celui qui est observé en métropole. Mais les réalités entre communes et encore plus entre quartiers sont très diverses. Ainsi, les taux peuvent varier de 27% à 59% selon les communes.

Les familles monoparentales sont les ménages les plus fragiles au regard de la pauvreté. Ce taux ainsi peut monter jusqu’à 67% pour les familles monoparentales dans certaines communes.

Le taux de pauvreté peut aller jusqu’à 52% pour les personnes ayant plus de 75 ans dans certaines communes.

Il y a presqu’autant de personnes en situation de pauvreté dans les familles monoparentales que dans les couples.

41% des personnes en situation de pauvreté vivent dans un logement pour lequel le ménage est propriétaire. 

Il y a plus de personnes pauvres vivant dans un logement qui leur appartient que de familles en situation de pauvreté vivant dans un logement social.

 

Sur l’inclusion numérique, le diagnostic s’est penché sur l’importance du risque de vulnérabilité des habitants face au numérique. L’ABS a mis en évidence que les ménages les plus en difficultés dans l’accès au matériel, l’accès aux réseaux ou la maîtrise des outils sont paradoxalement les ménages qui en ont le plus besoin pour la relation avec la e-administration ou tout simplement pour leurs besoins essentiels (logements, revenus, éducation, recherche d’emploi, …). 

A La Réunion, l’indice est beaucoup plus fort que dans l’hexagone. Il est le plus fort sur l’île pour les Communes du Port, ou de Saint Denis par exemple. Le développement de leurs interventions dans l’accès aux droits et dans la médiation numérique devient un incontournable des professionnels qui y travaillent.

 

Sur l’isolement des personnes âgées : à La Réunion, on fait face à un isolement qui tend progressivement à s’accroître notamment sous l’effet de la progression du nombre de personnes de plus de 80 ans. La probabilité d’être isolé augmente avec l’âge. A La Réunion, 22% des personnes de 60/64 ans vivent seules. C’est aussi la situation de 34% des personnes de plus de 80 ans.

Or, il y aura une multiplication par plus de deux du nombre de plus de 75 ans dans les 20 ans qui viennent. D’où la nécessité de développer de nouvelles formes de réponses pour éviter que l’isolement résidentiel ne devienne un isolement social. Cela passera par des démarches « d’aller vers » mais aussi par un travail mené avec les habitants des quartiers (des voisins solidaires et attentifs) ainsi que par le développement d’un numérique au service de l’inclusion. Là aussi le soutien aux aidants, qui peuvent ne pas habiter avec les personnes qu’ils aident, est un maillon essentiel.